Âmes cartésiennes, s’abstenir. Le Mag Innovateurs de La Lettre M, diffusé demain*, propose trente portraits d’entrepreneurs innovants, basés aux quatre coins de l’Occitanie, et aux idées les plus diverses : robots agricoles, vin sans alcool, pilotage de la performance énergétique de sites industriels, ingénierie de l’eau, véhicules autonomes, compléments alimentaires naturels, services numériques immobiliers au service des acheteurs, traitements médicaux qui se diffusent dans le corps de façon prolongée sur plusieurs mois via un gel injecté sous la peau, ou encore du maïs à pop-corn… Avec, comme points communs, la passion d’investiguer des champs nouveaux, le goût du risque et des parcours souvent internationaux.

Un aperçu, forcément incomplet, mais passionnant, de la vitalité de l’entrepreneuriat régional, comme la récente édition d’Occitanie Invest, à Labège, l’a démontré. Un concentré, aussi, de l’efficience des dispositifs : business angels, financement participatif, fonds d’investissements, banques privées, collectivités, fonds européens, Bpifrance, crédit impôt recherche… Sans oublier l’accompagnement assuré par les pépinières, ou les vertus de la fertilisation croisée entre grands groupes, innovateurs, laboratoires de recherche, universités… Tout n’est pas parfait, mais tout n’est pas noir non plus. Il faut savoir l’écrire.

Ce Mag décortique, avec rigueur journalistique et anecdotes, ces trente concepts : en quoi sont-ils concrètement innovants ? Quelles personnalités affleurent derrière les dirigeants ? L’innovation concerne toutes les entreprises, quels que soient leur activité, leur taille, leur secteur, leur localisation ou leur ancienneté. Elle ne se limite pas à la technologie, et peut être sociale ou managériale.

Pour réussir, une innovation doit évidemment rencontrer un marché. Cela suppose de réfléchir à ce dont les clients auront besoin demain, plutôt qu’à chercher à améliorer des solutions déjà existantes, mais pas forcément adéquates. Bref, savoir se mettre la tête à l’envers. Savoir se dire et dire  » On fait fausse route « , sans le ressentir comme une perte d’honneur ou un aveu d’échec. On se détend.

Cela passe, au sein des entreprises plus traditionnelles, par l’instauration d’une véritable culture de l’innovation : aptitude au changement, chasse aux peurs, écoute de ce qui se passe à l’extérieur, généralisation du test and learn (apprendre en se trompant est mieux que de ne rien faire), théorie des petits pas (mieux vaut impulser le mouvement par des objectifs simples atteignables rapidement, plutôt que de tirer des plans sur la comète), absence de limites, bienveillance vis-à-vis des initiatives (même si elles sont à côté de la plaque), libération des énergies souvent enkystées dans des tâches productives prédéfinies, mise en place d’outils modernes de communication interne (rien de pire de Radio Couloir) etc. Le neuroscientifique Stanislas Dehaene parle fort bien, dans ces études et ouvrages, de ce terreau bénéfique, mais ne coulant pas de source. Car si l’innovation est à portée de main, elle exige plus encore que de l’argent : des efforts, de la volonté, de la clarté et de la méthode !

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