Ben mince, je me pince, 40 aujourd’hui. Mi-temps à mi-parcours. Ils vous tombent dessus sans crier gare ni aéroport, ces foutus changements de décade. Non pas qu’ils dépriment : on n’a chacun jamais été aussi vieux qu’en ce moment, et après tout, avoir pu vivre jusque là, par la grâce des maladies et des accidents épargnés, relève déjà d’une forme d’offrande. Comme le sont mes deux beaux enfants. L’un eu avec une blonde, l’autre d’une brune – parité respectée. Mais quand même, se dire qu’il ne me reste que dix coupes du monde du football à vivre – plus que neuf en fait, on exclut celle du Qatar de 2022 -, voilà qui rend perplexe.

Il y a bien sûr les regrets éternels – être nul en danse et piètre dessinateur, deux arts qui m’émeuvent pourtant au plus haut point. A un âge où l’on ne change plus les rayures du zèbre, restons sur les points forts : chercher des infos, créer du réseau social-libéral, écrire des infos, écrire des infos. Et cuisiner des brownies un dimanche sur deux, pour entretenir la brioche.

Un conseil simple, qui me vient davantage des sorties de route que de la première communion : soyez reconnaissants à ceux qui vont ont aidé, ouvert les bras, guidé, bousculé, relevé, boxé, soutenu. Ces mêmes personnes qui ont parfois été, ou le sont encore, dures, voire odieuses, à votre égard : la progression vient des confrontations et des échecs. La liste serait trop longue, mais j’aimerais livrer quelques noms : Benjamin Besnaïnou, Vincent Couture&co, Christophe Aichelmann, Yossof Haider, Jo Battaglini, Alex ‘Troll’ Vidal, Alex ‘100 %’, Hélène Lapierre, Jacques Ramon, Pierre Pratabuy, Georges Gouze, JMA, Diou, Abdel. Bien sûr, je ne l’oublie pas – et comment l’oublier ? -, Florence Avezac, avec qui je partage mon cassoulet.

On cerne une personne à ses amis, paraît-il. Alors, je dois être bien foutraque malgré mon blog bien ordonné. Samedi soir, dans un pub mythique du cœur de ma ville, se côtoieront un royaliste tendance hooligan, des Sétois anars, un Corse indépendantiste (mais repenti), une Inspectrice des Impôts, des UMP pur jus, des non-inscrits, un peintre bohème fils de gendarme lorrain, un développeur immobilier sur Bordeaux. Entre autres. Pas de puissants, juste des bienveillants, avec un peu de lumière dans la poche. Et surtout : pas – ou si peu – de journalistes. Ça me fera des vacances.