Le monde de la presse évolue à la vitesse de Vettel. En 24 heures chrono (15 ans, c’est très peu), Internet bouleverse des modèles socio-économiques encore assoupis. Car, sous ses dehors progressistes, rien de plus conservateur et réactionnaire qu’une entreprise de presse. L’information tweete, facebooke, linkedine, blogue, s’échange par liens. A l’heure où on peut télécharger sur son smartphone les applications de centaines de médias, même les quotidiens gratuits, pourtant présents depuis tout juste 10 ans en France, et dont l’arrivée avait suscité un tollé, font old school aujourd’hui.

Explosion des modèles. Les pure players (médias uniquement en ligne), certes encore fragiles économiquement, s’inscrivent de façon durable dans le paysage médiatique. Prenez l’affaire Cahuzac : Mediapart, auteur du scoop de l’année, bouscule le Canard Enchaîné, institution entièrement papier, et qui le revendique… sur la Toile (lecanardenchaine.fr). La presse économique se met au diapason. A Toulouse, deux sites ont été créés ces dernières années : toutleco.fr et objectifnews.com. A Montpellier, des initiatives généralistes secouent le cocotier : lagazettedemontpellier.fr (site du city magazine, publié le jeudi), voussaveztout.com, scoop34.overblog.com (fouineur au top), montpellier-journal.fr.
La transition numérique fait exploser les rigidités. On se demande à quoi servent les statuts-statues, très XIXe siècle, de rédacteur en chef adjoint, rédacteur en chef, chef de service etc. En trois ans, la newsletter quotidienne de La Lettre M (envoyée aux abonnés, à 17 heures, du lundi au vendredi) est en passe de devenir le produit phare du titre, après 30 ans de règne absolu de l’édition print du mardi – dont l’existence n’est pas remise en cause.

Démarche globale. Pour le nouveau site (lalettrem.fr), en gestation, des questions stratégiques se posent. Doit-on sacrifier à l’instantanéité en mettant tout, tout de suite, sur Twitter et Facebook ? Quelle complémentarité entre le web, les réseaux sociaux et le print ? Comment donner du contenu gratuit – passage obligé pour attirer des abonnés, et améliorer le référencement – sans décourager les abonnés, qui payent ?
Entré dans la profession en 2000, en même temps qu’Internet, je vis cette mutation comme une aventure passionnante. Il y a huit ans, La Lettre M n’avait pas de site web. Il y a cinq ans, je n’avais ni compte Facebook, ni blog, ni conscience de la puissance d’un lien partagé. La zone ! Un bout de chemin a depuis été parcouru. Dont ce site, même s’il marche à l’envers. Intégré à la dernière minute, et non prévu au départ, le billet du lundi en est la rubrique la plus consultée. Loin devant le press book (www.hubertvialatte.com/pressbook), plateforme pour laquelle le blog avait été créé. Faites-y un tour. Vous y trouverez plus d’une centaine d’articles… publiés en version papier.