Pire que les tsunamis et les typhons du Pacifique. Après sa défaite 2-0 face à l’Ukraine, dans le chaudron glacial du stade olympique de Kiev, l’équipe de France de football a gagné le droit de ne pas participer à la phase finale de la coupe du monde, en juin prochain au Brésil. C’est rageant : on s’est tapés des destinations franchement nazes (Japon/Corée du Sud en 2002, Allemagne en 2006, Afrique du Sud en 2010), et pour une fois qu’on la rate (20 ans que ce n’était pas arrivé), la compétition a lieu dans le pays où le ‘futebol’ est roi.

D’accord, il y a un match retour, demain soir au SDF. Mais il faut être journaliste sportif, ou bébé de moins de 18 mois, pour croire encore à un renversement de situation. Tellement les Bleus manquent d’envie, de solidarité, de créativité. Tellement ses joueurs, incarnant la diaspora du fric, semblent pressés de retourner dans leurs clubs prestigieux respectifs – Bayern, Arsenal, Real, Manchester United… Tellement, surtout, les Ukrainiens ont surclassé leur adversaire, dans l’agressivité et l’impact physique, poussés par un pays en transe. Ça faisait plaisir à voir, soyons sport.

Rien ne changera entre les deux matchs. On se demande même ce que peut bien dire à ses joueurs Didier Deschamps, et si ceux-ci l’ont un jour écouté. L’échec de la maison France, c’est aussi celui du coach. Lui, si clairvoyant lorsqu’il jouait au ballon, n’a pas été foutu, en tant que sélectionneur, d’aligner deux fois la même équipe. Lui, le Basque loyal, a fait revenir un à un les mutins-racailles de Knysna – quand les joueurs avaient refusé de s’entraîner lors de la Coupe du Monde en Afrique du Sud, en soutien à Nicolas Anelka, exclu du groupe. Evra, Ribéry, Abidal n’auraient jamais dû revêtir à nouveau le maillot tricolore. Leur seule présence a empêché le groupe de se reconstruire. Pire, elle a instillé dans le sanctuaire des vestiaires, et sans qu’aucun média n’en parle (auto-censure oblige), le poison mortel du communautarisme – les musulmans d’un côté, les Antillais de l’autre, les Gaulois où ils peuvent.

Pour toutes ces raisons, et pour l’idée que je me ferai toujours du sport (le lien social, le vivre-ensemble, le dépassement de soi, la fierté de défendre son pays), je me réjouis de voir ces Bleus-là sombrer. Pour rien au monde, je ne raterai leur mise à mort, programmée demain à partir de 21 heures. Ils la méritent, à quelques rares exceptions près – Pogba, Koscielny, Giroud, Matuidi. On va enfin pouvoir passer à autre chose. Les filles peuvent déjà râler : en tant que pays organisateur, l’équipe de France est qualifiée d’office pour la phase finale de l’Euro 2016, dans trois ans. Ouverture de la billetterie en mars 2015.