Aujourd’hui, des médecins hexagonaux font grève. Ca ne changera pas grand chose, puisqu’il est déjà impossible de décrocher un rendez-vous. Par ce mouvement ‘social’, nos terrestres sauveurs fustigent notamment l’accord sur les dépassements d’honoraires. On peut les comprendre : prescrire des antibiotiques et des sirops après avoir suivi dix ans d’études, c’est vexant. Du coup, seul compte le maintien du niveau de vie. En matière de santé, il est pourtant des sujets autrement plus fondamentaux que les négociations avec une ministre de passage.
Cap sur une région civilisée : l’Alsace. La semaine dernière, la Ville de Strasbourg annonce la mise en place d’un dispositif ‘sport-santé sur ordonnance’. Les docs du coin vont prescrire des séances de footing, vélo ou Tai Chi aux patients, à titre expérimental, pendant un an. En voilà une idée qu’elle est neuve ! La France médicale et son maquereau, les industries pharmaceutiques*, ne raisonnent encore qu’en termes de soins, et non de prévention. Or, marcher une heure par jour, ou pratiquer régulièrement un sport, limite fortement les risques de cancers, d’AVC et de diabète. Anticiper plutôt que subir, en somme. Ce constat scientifique concerne les pays industrialisés, dont les populations sont de plus en plus sédentaires et obèses, et les régimes de sécurité sociale de plus en plus malades. Manque encore une vraie volonté politique. De marginale, la place du sport doit devenir essentielle. Dès l’école, et au travail. Je ne parle pas de savoir qui court le plus vite, saute le plus haut, jette le poids le plus loin ou marque le plus de buts. Il faut des compétiteurs, bien sûr, mais par définition, nous n’en sommes pas tous. Le sport, c’est avant tout l’art de faire quelque chose ensemble en se marrant, la recherche de sensations, l’apprentissage de son corps et le plaisir de se sentir mieux après qu’avant. En matière d’événementiels rasants, on se coltine la fête de la musique, la fête des voisins, la semaine du goût, la journée de la femme… Et rien pour le sport. Pourtant, écoutez les gosses rire et se chamailler sur un terrain ou une piste d’athlé. A part le Requiem de Mozart, je n’ai rien vu de plus beau.

* Le 8 novembre, Sanofi a ravi à Total la première place en termes de capitalisation boursière française, avec 89,47 milliards d’euros.