C’est un anniversaire secret, discret, nacré. Le 27 mai 1943 fut créé à Paris le conseil national de la Résistance, fédérant 16 organisations, et dont le général de Gaulle confia les manettes à Jean Moulin. 70 ans après, les trois lettres d’or du CNR brillent toujours. Singulières. Actuelles. Imperméables au temps. Le XXIème siècle sera meilleur et bleu azur, ânonnent les plaquettes de communication, made by naïades aux lunettes de mouche (Dior j’abhorre). Oui mais. De noble et militante, la politique est passée aux mains d’agences de com’, de conseillers de l’ombre et de la loi des marchés, court-circuitant les peuples dont elle ose se réclamer. Face aux élites auto-reproduites et prédatrices, résiste.
Inondés d’ondes et d’écrans, certains jeunes se vident de leur substance, avec la complicité béate de tous – parents, pouvoirs publics, communauté éducative, lobbys industriels. Les plus addicts aux TIC vont jusqu’à perdre le sommeil, le goût des autres, le nom des choses. Avec des impacts irréversibles sur certaines zones du cerveau liées à la créativité et à l’anticipation. Face à ce game over générationnel, résiste.
La famille, « valeur-refuge en temps de crise » (ça fait vendre des cadeaux), reste le lieu de toutes les violences et de tous les non-dits. Par je ne sais quelle bienséance désuète, on n’ose dire non, ou tais-toi, ou va te faire soigner, ou dégage. Ou tout ça. Face aux insidieuses intrusions, une seule évasion : la tranquillité, comme résister.
De la télé-poubelle déferlent des vomissements bestio-commerciaux, niveau caniveau. Chance : par le jeu de la TNT et des bouquets satellites, le flux est continu, accessible, jaunissant âmes et foyers. Face à cette Occupation new age, une seule arme : la connaissance, comme résistance.
Ce mercredi, le premier mariage homosexuel de France est célébré à Montpellier, à 17h30 (idéal pour ouvrir le 20 heures de Pujadas), déclenchant l’hystérie des anti et des pro, équitablement épuisants. Près de 150 journalistes en transe (dont CNN et Al Jazeera, comme dans les villes développées) déferlent. La Côte-d’Azur a son festival de Connes, Montpellier aura la galoche en mondiovision de Vincent et Bruno. Pendant ce temps-là, les Chinois, les Indiens et les Brésiliens bossent.
Face aux joies télécommandées, face aux faux Indignés vêtus de sapes fabriquées dans des usines à 1 000 morts au Bangladesh, résiste !
C’est un anniversaire secret, discret, sacré.