Bientôt la trêve des confiseurs. L’ère pure de la famille, de la belle-famille, des indigestions. Les plus fortunés iront skier. Le gros du peloton se rabattra sur les décérébrantes séances télé : 65 ème diffusion de la Grande Vadrouille, bêtisiers bêtes, rétros réchauffées. Une certaine idée de la bulle – salvatrice paraît-il, par les gens qui courent. Il y a ceux qui subissent Noël, parce qu’ils sont seuls, malades, désargentés, sans espoir ni soutien.  Ou parce qu’ils abhorrent cette double figure de style imposée par le jury : « Tu aimeras les tiens le 25, tu ânonneras bonne année à tes amis le 31 ». Et il y a ceux qui adorent. Piaffent d’impatience. Claquent leur 13ème mois en deux heures. Veulent des gosses bûche bée, un réveillon sinpa, entre foie gras et foi maigre. La magie des décos, bien rangées à la cave, en haut à droite, mais si chéri enfin, à chaque fois tu oublies, fais un effort pour une fois.
2011 fut riche. Un cru exceptionnel – c’est le journaliste qui parle : printemps arabe, assassinat de Ben Laden, lynchage de Kadhafi, tsunami et catastrophe nucléaire au Japon, DSK mania, crise de la zone euro, que les citoyens suivent plus ou moins, incrédules, inquiets, impuissants. En 2012, Barack Obama briguera un deuxième mandat. La France perdra son triple A, s’installera en récession, son taux de chômage dépassera les 10 % et elle se choisira un roi, tout-puissant face aux marchés financiers et agences de notation. Ne lui en déplaise, le crash économique sera d’une violence extrême. Sa vertu : les candidats à la présidentielle ne pourront plus confondre message et mensonge – Que va-t-il leur rester ? Son vice : il brouille l’essentiel. La planète meurt en silence. En février, le Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) publiera un rapport explosif sur les effets du réchauffement climatique – sécheresses, cyclones et inondations de plus en plus dévastateurs. Enfin, tout ça ne vaut pas une bonne dinde aux marrons. Le billet du lundi revient le 2 janvier. Qu’on se le lise !