Deux exemples tout frais.

« Le monde pleure Nelson Mandela ». On va la faire court. Moins d’une personne sur dix est capable de dire ce qu’a fait (vraiment, pas que dans Invictus) Nelson Mandela pendant ses 95 ans d’existence. Et les soutiens qu’il a reçus… ou pas. Du temps de son emprisonnement (1963-1990), la France, et pas qu’elle, a continué à vendre des armes au régime soutenant l’apartheid. Malgré l’embargo. Malgré les louables intentions de feue Danielle Mitterrand. En 1987, l’ancienne Premier ministre britannique Margaret Thatcher avait décrit l’ANC (congrès national africain, parti anti-apartheid de Mandela) comme une « organisation terroriste typique », refusant d’appliquer des sanctions à l’Afrique du Sud. Le président américain Reagan lui emboîta le pas. Après sa libération, devenu le président de son pays et artificier d’une impossible réconciliation, Mandela est resté inscrit sur la liste noire des terroristes aux Etats-Unis jusqu’en 2008. Alors, non, les gens ne pleurent pas Madiba. Ici, ils votent Marine Le Pen, regardent Miss France à la télé, donnent, ou promettent de donner, 10 euros à Sophie Davant (pardon, au Téléthon), et préparent les embûches de Noël.

« Foot/Mondial au Brésil : tirage au sort de rêve pour l’équipe de France. » Les Bleus affronteront le Honduras, l’Equateur et la Suisse en juin. Unanimes, les médias tricolores se frottent les mains, comme si les matches étaient gagnés avant d’être joués. Ces envoyés vraiment spéciaux sont-ils journalistes ou chargés de communication de la Fédération Française de Football ? Lors des trois dernières coupes du monde, en 2002, 2006 et 2010, il y a eu cette même arrogance (toute française), à l’issue du tirage au sort. Bilan sportif : les 9 matchs de ces trois phases de poule éliminatoire se sont soldés par 4 défaites, 4 nuls et une victoire contre la redoutable équipe du Togo. Je n’ai entendu personne rappeler cette information, pourtant simple, intéressante, objective et irréfutable. Voyons les choses d’ailleurs. Les futurs adversaires des Bleus s’estiment, eux aussi, vernis : l’équipe de France ne fait plus peur à personne. Aller se goberger au Brésil, carte de presse en bandoulière, pour un pauvre tirage au sort (bonjour le bilan carbone), et être incapable de relater l’essentiel, relève de l’hallucination collective, et de l’incompétence crasse.

Ne croyez pas les journalistes. En même temps, vous n’avez pas besoin d’un billet pour en être convaincu. La dernière fois que vous avez acheté un journal, c’était quand ?