Il n’y a pas que la technologie dans l’innovation. Depuis dix ans, les efforts déployés pour développer l’innovation en France (pôles de compétitivité et Crédit Impôt Recherche) se sont focalisés sur la seule innovation technologique, dite « de rupture ». C’est une innovation d’élite, d’ego aussi, facilement protégeable par des brevets. Problèmes : elle consomme beaucoup de cash, et compte peu d’élus, pour beaucoup de projets. Le passage au business est difficile.

Moins glamour, mais à portée de tous, et tout autant créatrices d’emplois et de richesses, les innovations du quotidien. Elles touchent l’ergonomie, le design, le packaging, le management, le produit, l’organisation, la commercialisation… Une agence de voyage en ligne qui propose des séjours touristiques aux célibataires et familles monoparentales ? Innovation, avec les-covoyageurs.com, réseau social pour baroudeurs solo. En matière de management, des réunions debout, des changements impromptus d’horaires, favorables à l’éclosion de nouvelles idées, ou une promotion, plutôt qu’une sanction, pour celui qui critique, afin de le mettre face à ses responsabilités ? Innovation, encore. Côté marketing, un packaging individuel et nomade, comme les Pom’Potes de Materne, pour étendre le mode de consommation d’un produit jusqu’alors familial (compote, en l’occurrence) ? Innovation, toujours. Proposer de servir chez l’habitant, le matin, le croissant avec le journal auquel il est abonné ? Innovation, toujours.

On le voit, la nouveauté est au coin de la rue. Se démarquer de la concurrence ne va pas chercher loin. Pour un restaurateur de province, il s’agira de servir le chaland, même après 14h, au lieu de lui rire au nez. Son voisin cafetier acceptera, dans un élan entrepreneurial, de servir des boissons chaudes après 17h.

Nos galères quotidiennes sont les meilleures sources d’innovation. Dans les solutions que nous avons tous, un jour, échafaudé, se profile le paradis sur terre : un drive de clopes ; des concerts de folie à 7h du matin pour bien démarrer la journée ; des parkings en entrée de ville, connectés à un service de location de scooters électriques, pour faciliter les derniers kilomètres ; une application qui permette de réserver et payer un plat au restaurant avant de s’y rendre, afin de ne pas attendre 20 mn pour être servi, puis 10 mn pour régler.

Chacun, paraît-il, a les moyens de son propre développement. Après tout, tant de choses ont déjà été créées, que les créations à venir sont forcément infinies !