Difficile d’y échapper : la Pologne et l’Ukraine coorganisent le championnat d’Europe de football, du 8 juin au 1er juillet. En langage codé, les footeux disent « Euro 2012 », devant leurs chéries atterrées. 2012 sera bien l’année de l’euro, mais au sens monétaire du terme. Le séisme part d’Athènes, empêtrée dans une impasse politique. Les prochaines élections législatives (17 juin) sont placées sous haute tension. Avec le spectre des extrêmes (néonazis et ultra-gauche), on revit un mauvais remake des tragédies antiques. Très discrètement – surtout, ne pas affoler les clients, et continuer à les gaver de pubs déconnectées -, mais très sérieusement, la galaxie financière se prépare à une sortie de la Grèce de la zone Euro. Christine Lagarde, big boss du FMI, a donné le ton, affirmant, en substance, que les Grecs n’ont qu’à payer leurs impôts, et que les gosses de Lagos sont plus à plaindre que ceux du Pirée. Violent et maladroit vu sa stature internationale, mais sur le fond très juste.
Même si l’ACP (autorité de contrôle prudentiel) se veut rassurante, ça pétoche sec dans les vestiaires du Crédit Agricole, présent en Grèce via sa filiale Emporiki. Aujourd’hui, une contagion de la crise à d’autres pays en difficulté – Espagne, Portugal, Irlande – suscite des interrogations, jusqu’à Washington et Pékin : les taux d’intérêt ont-ils atteint un niveau insoutenable ? Pourquoi les investisseurs lâchent-ils Madrid ? La Banque Centrale Européenne doit-elle intervenir ? Dans ce cancer des dettes publiques, faut-il jouer l’attaque, avec une croissance européenne financée par des Eurobonds (piste Hollande), ou la défense, avec la rigueur budgétaire défendue par Berlin ?
Une seule chose est sûre : au moment où elle aurait tant besoin d’unité, l’Europe politique est devenue un sacré bordel. C’est cette absence de vision commune, ce trop-plein de technocratie, qui entraîne les peuples dans l’abîme. Il est un principe très simple qu’on enseigne aux enfants pratiquant un sport collectif, et qui sacrera le vainqueur de l’autre Euro 2012 : pour gagner, il faut jouer en équipe.