Le foncier constructible, or noir du Languedoc-Roussillon. L’Insee projette 3 300 000 habitants à l’horizon 2030, au lieu de 2 600 000 aujourd’hui. « 400 000 habitants supplémentaires s’installeront entre Sète et Lunel », relève le géographe Jean-Paul Volle. De quoi spéculer ! A force de surenchères pour le moindre lopin, le marché du neuf se déconnecte du marché local. Pas assez de foncier disponible, rétorquent les promoteurs. Montpellier Agglomération, qui capte l’essentiel des flux migratoires, veut réguler le marché via deux nouveaux outils : l’établissement public foncier régional d’Etat (EPF) et la société d’aménagement de l’agglomération de Montpellier (Saam).

D’ici à 2017, l’EPF va acquérir environ 80 ha pour construire 4 000 à 5 500 logements sur cinq sites stratégiques : Gare TGV, Route de la Mer, Eurêka-Sablassou, Roquefraisse et Plaine du Colombier. Quant à la Saam, son capital passe de 400 000 € à 1,6 M€. Treize communes – autant de clientes potentielles – entrent au capital. Avec un statut – juridiquement fragile – de SPLA (société publique locale d’aménagement), la Saam ne peut être mise en concurrence. Dès lors, la tâche des aménageurs privés se complique. On pense à GGL Groupe, qui a décroché plusieurs opérations d’envergure : Juvignac (Constellations), Vendargues (Pompidou), Jacou (La Draye). En 2009, Georges Frêche déclarait vouloir « casser » (sic) cet aménageur, ainsi que les maires « fricotant avec eux » (double sic). Plus modéré, Jean-Pierre Moure, son successeur à l’agglo, déclare le 25 octobre : « Il y a de la place pour tout le monde, mais il faut créer les conditions d’un foncier raisonnable. Je veux voir des gens plus heureux, et non des acquéreurs contraints de bouffer des patates bouillies. Sinon, la bulle de l’immobilier va exploser. »