Fait historique : les rédactions de Midi Libre et de l’Indépendant (Journaux du Midi) font grève ce week-end pour protester contre un plan de réduction des effectifs – 158 suppressions de postes – concocté par l’actionnaire bordelais, Groupe Sud Ouest (GSO), en quête de rentabilité. Une réalité rude, mais prévisible.
Depuis que Midi Libre a perdu son indépendance capitalistique, il y a onze ans (en 2000, avec la cession au Monde), ce paquebot d’un millier de passagers n’a plus de cap directeur. On dirait plus une administration qu’un journal chasseur de scoops et épris d’info. Les « nouvelles nouvelles » formules masquent l’absence de réflexion de fond. La question clé est esquivée : comment sortir du tandem sports-faits divers et intégrer les nouvelles technologies ?
En interne, pas de boîte à idées. La peur des représailles et des vexations l’emporte sur l’esprit d’initiative. Les plumes sont nombreuses, mais beaucoup sont broyées. Quant aux jeunes talents, ils sont envoyés dans les « terres reculées de l’empire » (Rodez, Mende, Millau…), dixit une expression du big boss. Ils y porteront leur croix pendant plusieurs années. Tituralisés après un tunnel de CDD flirtant avec l’illégalité, ils pourront annoncer à papa-maman leur « CDI dans un grand groupe », ce Graal à la française. En cas de licenciements secs, c’est pourtant eux qui seront ciblés en premier. La chair fraîche reste en première ligne sur les champs de bataille. Toutes les grèves et toutes les primaires socialistes du monde n’y changeront rien.