Chômage record (5 millions de personnes toutes catégories confondues), plus fort taux d’impopularité pour un Président sous la Vème République, avec 75 % de Français mécontents*, plans sociaux à la pelle, affaire Cahuzac – un ministre du Budget vous demande de faire des efforts tout en ayant son pognon en Suisse -, relations glaciales avec Berlin : un an après l’élection de François Hollande à la présidence de la République, c’est pas la joie. Y compris dans les rangs de sa majorité, qui doute de l’autorité, du leadership et du cap réel de son champion. Dimanche prochain, deux manifestations un peu caricaturales (Front de Gauche et anti-mariage pour tous) illustreront cette grogne protéiforme.

L’exercice du pouvoir est nécessairement injuste et violent, et confine parfois à l’absurde, comme le montre finement l’ex-ministre UMP Bruno Le Maire dans Jours de pouvoir. Tout n’est pas de la faute de Hollande, bien évidemment. Avant son arrivée au pouvoir, l’industrie française avait déjà entamé son déclin, à coups de délocalisations. Par ailleurs, l’économie européenne patine tout entière dans la semoule. Le chômage y progresse partout, atteignant des proportions sidérantes (plus de 25 %) en Grèce et en Espagne, désertés par leur propre jeunesse. Enfin, il faut écouter l’intéressé : il croit en la portée de ses mesures (pacte de compétitivité, emplois d’avenir, contrats de génération, refonte du marché du travail, sérieux budgétaire) à long terme.

Croire que la seule inversion de la courbe du chômage lui assurera une réélection en 2017 semble hasardeux. D’autres enjeux lourds travaillent la société. Exemples : quelle place accorder à l’Islam dans la République ? Où mettre le curseur ? ; réforme courageuse des collectivités, dont les trop nombreuses strates génèrent pression fiscale, illisibilité, inefficience et clientélisme ; lutte contre les fraudes sociales (allocations familiales, arrêts maladies de complaisance,…) ; baisse des dépenses publiques, qui continuent d’augmenter malgré les tours de vis dans les ministères ; quelle politique environnementale, aujourd’hui reléguée aux oubliettes ? ; enfin, une ouverture, en intégrant Bayrou (qui, accessoirement, a fait élire Hollande) et/ou des personnalités de la société civile (entrepreneurs, responsables associatifs….) au gouvernement, en mal de sang neuf à force de consanguinité – tu es de quelle promo de l’ENA ?
Dans les champs, dans les troquets, au bureau et à l’usine, Hollande est attendu au tournant sur ces thèmes, qui dérangent à gauche. Mais à l’heure de cet anniversaire pas drôle, reconnaissons au chef de l’Etat un double exploit : en un an, il a su garder sa copine, et la faire taire. Ça mérite bien un gâteau au chocolat !

* En avril 2008, un an après son élection, Nicolas Sarkozy était presque aussi impopulaire : 72 % des Français étaient mécontents de son action.