Des fourneaux aux affaires. La liste des femmes décrochant des fonctions suprêmes s’accélère. Hier, Michelle Bachelet a été réélue présidente du Chili, devant… une concurrente, Evelyn Matthei. Le 30 mars prochain, le premier magistrat de Paris s’appellera Anne Hidalgo ou Nathalie Kosciusko-Morizet. Côté flingues, Mireille Ballestrazzi vient d’être nommée directrice centrale de la police judiciaire française. Côté pub et conseil des grandes marques, Mercedes Erra a créé et dirige toujours Euro RCSG. Aux Etats-Unis, trois postes parmi les plus influents sont occupés par un sexe qui n’a plus rien de faible : Christine Lagarde à la tête du Fonds Monétaire International, Janet Yellen à la présidence de la Réserve Fédérale Américaine et Mary Barra à la direction générale de General Motors. Le témoignage des femmes de pouvoir est passionnant. Elles luttent et bossent davantage. Elles sont des mères incroyables. Alors que l’un de ses enfants venait de se casser la jambe à l’école, Mercedes Erra a répondu au téléphone à l’institutrice éberluée : « désolée, je rentre en comité exécutif. »

N’oublions pas les pionnières : Vigdís Finnbogadóttir, présidente de l’Islande de 1980 à 1996 (quatre mandats successifs), première femme au monde à être élue au suffrage universel direct à la tête de l’exécutif d’un Etat, la détestée (mais élue trois fois d’affilée au poste de Premier ministre britannique) Margaret Thatcher, et Gloria Macapagal-Arroyo, présidente des Philippines de 2001 à 2010. Saluons ces trois peuples si différents, qui ont eu, dans leur histoire, l’intelligence de porter des femmes au pouvoir. Pure conséquence des lobbys féministes, qui imposent des hystériques dans les conseils d’administration des grands groupes ? S’il peut y avoir des dérives – en 2007, Ségolène Royal fut la candidate PS des présidentielles françaises avant tout parce qu’elle est une femme -, on ne peut que se réjouir que la moitié de l’humanité ait enfin accès aux manettes.

On n’est pas encore rendus. La polémique, la semaine dernière, à propos du selfie (autoportrait pris avec un smartphone) pris par la chef du gouvernement danoise Helle Thorning-Schmidt, aux côtés de Barack Obama et David Cameron lors de l’hommage mondial à Nelson Mandela, en dit long sur l’immaturité ambiante. Parce qu’elle est une femme, elle serait forcément tentatrice et manipulatrice. Et Michelle Obama, juste fatiguée par 20 heures d’avion, fait forcément la gueule parce que son président de mari en pince pour une blonde. France 2 a même véhiculé ces stéréotypes pathétiques dans son JT. En fait, le changement ultime interviendra quand on ne recevra plus ce genre de communiqué (sur ma boîte mail, 14h45, 16 décembre) : « Valérie Chevalier, première femme directrice générale d’un Opéra et Orchestre national ».