Le 8 février, la cour des comptes pointe la gestion au mieux fantaisiste, au pire corrompue, des stations balnéaires du Languedoc-Roussillon. Pour les concessions de plage, les magistrats fustigent des attributions opaques par les municipalités, de coupables libertés contractuelles (activités de massage, vente de textiles, soirées etc… non déclarées) et des retombées financières insuffisantes. Egalement dans le viseur : le non-respect des règles de gestion spécifiques aux ports de plaisance, le phénomène croissant de cabanisation (constructions illégales en zone inondable) et des facilités exagérées accordées aux puissants casinotiers. Ambiance garantie au salon international des plages privées à La Grande-Motte (6-8 mars) !
Mais la vérité est ailleurs. Le 7 février, l’Etat et la Région ont décortiqué une étude relative à l’érosion du trait de côte et aux risques de submersion marine. A l’horizon 2100, les eaux monteront de 20 à 60 cm, en fonction de l’intensité du réchauffement climatique. Soumis à des tempêtes de plus en plus violentes, 60 % de la façade littorale (200 km entre Port-Camargue et Banyuls) continuera de reculer. Le littoral est fragile et sous pression : conchyliculture, ports, nautisme, pêche, tourisme, infrastructures de transport (autoroute A9, lignes ferroviaires), urbanisme… « L’espace littoral est surconsommé : 30 % est artificialisé », souligne Agnès Jullian, vice-présidente de la Région LR en charge du tourisme. D’après elle, il faut vite établir une gestion durable du territoire : « recul stratégique de certains équipements, cellules sédimentaires à choisir… » Cécile Lenglet, sous-préfet en charge du littoral à la préfecture de région, en appelle à une gouvernance plus globale, « interrégionale, delta du Rhône inclus », pour capter, mieux qu’aujourd’hui, les crédits européens. « Aucune commune ne s’en sortira seule. » Bien dit. Mais plus compliqué, pour les décideurs interpellés par ces deux Dames de mer, que de déguster un mojito à la Voile Bleue, la clé du coupé sport en évidence.