Putain, c’est bon. Montpellier, que dis-je, La Paillade, est champion de France de football, après sa victoire à Auxerre (2-1), hier soir. Une bande de gamins en short, 13ème au classement des budgets, a fait la nique aux pronostics, qui mettaient Paris devant. Le « vieux » supporter – 25 ans de stade, ça fuse – a la voix éraillée ce matin. Mais pas éteinte. Il faut garder des cordes pour tout à l’heure, quand le très parisien Frédéric Thiriez, patron de la Ligue de Football Professionnel, viendra remettre le trophée sur la place de la Comédie, après son long voyage en TGV, que dis-je, après sa descente express par Air France. C’est la victoire d’une conception familiale, patriarcale, désuète mais terriblement rafraîchissante, du sport de haut niveau. En 38 ans de présidence, « Loulou » a tout donné à la Paillade, « sa fille ». Les poubelles sont son royaume, le foot sa passion. Il a l’intelligence du cœur. Il faut le voir, dimanche, avant ce match au couteau, étreindre une supportrice d’Auxerre, tellement déçue que son équipe descende en Ligue 2. « C’est un drame, mais vous remonterez », lui glisse-t-il. La classe, Loulou : il aurait agi de la même façon sans les caméras. Son style grivois, depuis le décrié « Pedretti (joueur adverse), c’est une tarlouze » jusqu’au « les médias, je leur pisse à la raie » ? La vulgarité est ailleurs. Elle est dans le comportement d’un Thiriez, qui n’assiste même pas à la fin de Montpellier-Lille, dimanche 13 mai, parce qu’il sait qu’il n’aura pas à remettre le trophée ce soir-là, au vu de l’évolution des scores sur les autres terrains. On peut ne pas dire de vilains gros mots pas conformes, et insulter l’esprit du sport qu’on représente.
Ce soir, sous un ciel gris tristoune, les joueurs seront acclamés par des milliers de fans grimés, dopés à je ne sais quoi, souvent improvisés – cf. les tribunes vides de la Mosson les soirs d’hiver. Mais les joueurs ne font que passer. Le club, c’est Loulou, son fils Laurent et Michel Mézy, le conseiller de l’ombre. Sous ses airs faussement benêts, Nicollin sait diriger. Par exemple, il a protégé ses joueurs tout au long de la saison, en prenant garde de ne jamais afficher le titre de champion comme objectif. Hé Loulou, ton nouveau/dernier défi tient en deux mots : et maintenant ?