Du cheval dans mes lasagnes de boeuf, my god ! Après la viande halal qu’on nous cache (2012), le poulet à la dioxyne (1999), la vache folle (1996), la bactérie E.coli (2011), revoilà un scandale agroalimentaire, tentaculaire et impénétrable comme le commerce mondial. Des abattoirs roumains, un étiquetage frauduleux, une traçabilité défaillante, des traders chypriotes et néerlandais, un importateur du Sud-Ouest (Spanghero) qui fournit la société Tavola (Luxembourg), elle-même travaillant pour la filiale française (Comigel) du distributeur suédois Findus. What a bloody mess* ! Pour un pauvre plat surgelé, à la qualité gustative et nutritive plus que discutable, il faut pas moins de deux courtiers, quatre entreprises et cinq pays. Et, en bout de chaîne, un consommateur/portefeuille qui pousse un caddy de questions. Depuis quand ce système peu chevaleresque fonctionne-t-il ? Si une tromperie sur la marchandise aussi grossière est possible, comment ne pas douter des garanties globales de sécurité ? La chaîne du froid peut-elle être respectée dans ce marathon logistique, émaillé de plusieurs ruptures de charges ?
Dans les salles de rédaction, les infographistes essaient d’expliquer l’inexplicable à travers des schémas pleins de flèches et de couleurs. Un bel outil pour enseigner la géographie carnée (et désincarnée) du business aux collégiens.
S’il n’était pas question d’alimentation, on finirait sur cette note d’espoir. Mais il s’agit de santé publique. L’affaire, soulevée par Findus lui-même, souligne l’inefficience des services étatiques de sécurité alimentaire. DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) : beaucoup de lettres, mais peu d’agents – ils s’en plaignent eux-mêmes. La « réunion de crise » (trois mots qui claquent dans les communiqués) réunie ce soir à Bercy ne change rien au problème de fond. L’alimentation industrielle, royaume des conservateurs, pesticides, huile de palme, exhausteurs de goût, additifs, OGM…, et sa cascade de sous-traitants, est détraquée et détraquante. Mais soutenue par les pouvoirs publics. Aux Etats-Unis, à force de surdose de malbouffe, l’espérance de vie commence à diminuer. L’Europe lui emboîte discrètement le pas. De quoi devenir écolo !

* Quel bordel !