Les technologies les plus avancées remettent au goût du jour les valeurs les plus simples. Au premier rang d’entre elles : le partage. Démultipliée par l’Internet, son accès démocratisé et la complicité d’entrepreneurs inspirés, cette vertu ancestrale explose. Ma voiture me coûte un bras ? Je la loue pour en diminuer le coût, et j’ai le choix pour ça : ouicar.fr, drivy.com, mycarzz.com, buzzcar.com, livop.fr, koolicar.com. Une panne d’idées en cuisine ? Va pour un petit tour sur marmiton.org, où l’on peut poster ses propres recettes – sans mettre tous les secrets, faut pas charrier. Un long voyage en voiture, pénible et coûteux ? D’un coup de covoiturage.fr, les frais sont amortis, et j’ai quelqu’un à qui raconter ma vie. Tout bénéf. Le gros du gisement réside bien sûr dans les déplacements quotidiens domicile/travail. Les collectivités locales font la promo du covoiturage. Dans des régions civilisées comme l’Alsace, plusieurs plateformes de mise en relation entre conducteurs et passagers ont déjà été aménagées.

La colocation avait anticipé le choc de partage. Sur ce marché mature, place à des solutions élaborées, comme la colocation intergénérationnelle, avec, par exemple, untoit2generations.fr. Un étudiant aide un senior au quotidien, et lui tient compagnie, en échange d’un loyer modique et de quelques récits de la 2ème guerre. Si vous avez la drôle d’idée de faire des gosses, l’incontournable leboncoin.fr vous épargnera poussettes à 500 euros et autres arnaques grotesques. Vous partez en vacances et haïssez le camping depuis vos 12 ans ? Pour court-circuiter les chaînes hôtelières, les solutions font florès : locations chez des particuliers (airbnb.fr côté chic, vivastreet.com côté débrouille) ou échange de biens immobiliers : homeforhome.com, knok.com, homeforexchange.com, echangedemaison.com, guesttoguest.com… Même les bricolos des lotissements s’y mettent, avec des sites d’échanges et locations d’outils de jardinage entre particuliers (zilok.fr et goopes.com).

Pourquoi ça marche autant ? L’avantage n’est pas qu’économique ou pratico-pratique. Ces solutions mettent aussi du jeu, recréent la relation humaine du coin de la rue, et redonnent du sens et de la valeur. On n’est pas stricto sensu sur une réponse à la crise. Les Net-partageurs veulent aussi contourner un système qu’ils ressentent trop normé, aseptisé, mercantile, impersonnel. Comme on avait appris à mon arrière-grand-père dans les cours de morale : « Tout ce qu’on partage fleurit, tout ce qu’on garde pour soi moisit ».