Médiatiquement, la création d’entreprise fait recette. Les remises de prix écos se font écho, l’une appelant la suivante : « Coup de pousses », Vinoboss, rencontres Investisseurs/start up cherchant à lever des fonds, concours national des entreprises innovantes etc. Les secteurs représentés sont légion : agroalimentaire, environnement, TIC. On ne peut qu’applaudir. Ces événements font œuvre de pédagogie auprès du grand public – si, l’entreprise crée de la richesse et peut rendre des gens heureux – et battent en brèche certains clichés – non, les patrons ne sont pas tous des rentiers cupides. En dehors des grand’messes incantatoires, le tissu des PME attend la mise en orbite de la nouvelle Banque Publique d’Investissement. Export, conseils en stratégie, fédération des énergies autour de l’interfilière… L’attente est forte. A la mesure de la contraction de l’activité.
La reprise d’entreprise est, à l’inverse, peu valorisée. Les outils existent certes, comme, par exemple, le nouvel accompagnement à la création ou la reprise d’entreprise (Nacre), Transmibat dans le bâtiment, les salons dédiés impliquant les CCI, les conseils régionaux et les services de l’Etat. Mais je n’ai pas souvenir de pince-fesses valorisant les reprises d’entreprises réussies, et où seraient détaillés les mécanismes et astuces de transmissions, et les exemples de bonnes pratiques. L’enjeu est pourtant de taille. Quelque 500 000 entreprises sont à reprendre en France dans les prochaines années, du fait de départ à la retraite des enfants entrepreneurs du baby-boom. Selon une étude du secrétariat d’Etat au PME, les trois quarts des cédants potentiels ne cherchent même pas de repreneurs ! Et 63 % des cessations d’activités pour départ à la retraite ne sont pas reprises. Inquiétant. Dans ce contexte, la question de la cession aux salariés prend tout son sens. Les acronymes LMBO (Leverage Management Buy Out, reprise par les cadres dirigeants) et Scop (société coopérative et participative, reprise du capital par l’ensemble ou la majorité des salariés) ne s’inscrivent pas encore dans les pratiques courantes. Par blocage culturel et/ou manque de formation à l’anticipation. C’est pourtant bien les salariés qui détiennent le savoir-faire, connaissent les clients, les rouages du marché, l’état de la concurrence et les enjeux de demain. Leur vendre tout ou partie d’une affaire fait donc sens, et doit être promu sans relâche. Dans les affaires encore plus qu’ailleurs, il n’est de richesse que d’hommes.