En ces jours de Tour de France, où des gamins dévalent à tout berzingue les pentes abruptes des cols des Alpes, y a pas à tout à dire : ça file à toute allure. Et la douce atmosphère de dégagisme, qui plane en politique, pourrait bien infuser la vie économique. « Je suis bien en place à Paris, identifié par les agences et les chefs de projet, mais on ne sait jamais, les clients peuvent vouloir changer pour changer, c’est dans l’air du temps, cette tendance », analyse un pote, qui a percé dans les animations sur mesure.

Le digital, intuitif pour les Millenials et acquis (plus ou moins) pour les autres, accélère ce chamboule-tout. Le journalisme n’échappe à la règle. Compression du temps, universalité de l’audience, gratuité des canaux, multiplicité des outils, spécificité du langage. Le fait que des infos pleuvent sur les réseaux sociaux n’est pas en soi nouveau. Ce qui l’est, et de plus en plus, c’est que certaines infos ne font même plus l’objet de communiqués de presse envoyés aux rédactions, « jadis » (il y a trois ans) fléchées comme des relais incontournables. Non, elles sont postées directement sur la Toile, les médias étant du coup mis, en termes d’accès à l’information, sur un pied d’égalité avec les autres citoyens.

Des exemples, disparates et non exhaustifs, ces derniers jours : la Ville de Nîmes révélant la date d’ouverture du Musée de la Romanité (twitter), le MHSC (foot) officialisant le décès de son président Louis Nicollin (twitter), le promoteur toulousain Crédit Agricole Immobilier affichant un prix national (LinkedIn), des élus toulousains s’agaçant d’un possible retard du projet de LGV Bordeaux-Toulouse (twitter), Montpellier Capitale Santé faisant un clin d’œil à une innovation du CHU de Toulouse (Facebook). Sans compter, au niveau national et international, les prises de position des personnalités, dont les déjà fameux tweets du président américain Donald Trump (33,6 millions de followers) – que va-t-il bien lâcher ce 14 juillet sur les Champs-Élysées ? On l’a compris : un journaliste déconnecté est un journaliste mort. Ou, pire, agonisant.

Double-intérêt des réseaux sociaux pour l’émetteur du message : il maîtrise le contenu, s’affranchissant des décodages, questions et erreurs, voulues ou pas, des médias (cf. la chaîne Youtube de Jean-Luc Mélenchon) ; la diffusion est gratuite, massive et instantanée. « J’en ai ras-le-bol d’organiser des conférences de presse pour des journalistes qui ne connaissent pas les dossiers, qui changent tout le temps – personne n’assure le suivi des sujets dans les rédactions -, qui écrivent n’importe quoi et qui ne viennent que pour bouffer au cocktail. Je préfère inviter des blogueurs influents : eux, au moins, ils savent de quoi ils parlent, font preuve de passion et sont suivis par une grosse communauté », me confiait il y a peu le dir’com’ d’un grand compte. Certains médias commencent à raisonner meet-up, hackathon, intelligence artificielle, data. Ils ont tout compris.

À toute allure. Je le constate à la façon d’archiver : il y a 17 ans, je glissais mes tout premiers papiers dans des pochettes transparentes ; puis, en 2011, je les scannais et exportais dans la rubrique « press book » du présent blog ; puis, en 2014, je les ai placés dans la rubrique « news », moins administratif, plus punchy ; et, depuis un an, je les poste sur les réseaux sociaux, tout en gardant encore quelques exemplaires papiers, par vice pavlovien.

À l’aune de ces considérations, la fonctionnalité d’un site web évolue elle aussi. Les questions récurrentes (contenu, référencement, ergonomie, esthétique, responsive) ne sauraient occulter la façon de l’animer sur les réseaux sociaux. Car un joli site très cher non fréquenté, hein, c’est comme une super autoroute sans voiture dessus : ça ne sert à rien.

« Dans un contexte d’évolution très rapide, les entreprises doivent accélérer leur modernisation, transformer leur modèle d’affaire et leurs organisations. Elles n’ont pas le choix, avertit Christophe Lerouge, ex-chef du service Industrie à la DGE (Bercy), devenu en septembre 2016 directeur régional de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) en Occitanie. Celles qui ne se projettent pas dans l’avenir verront leur compétitivité baisser. » Ce qui suppose d’accepter de changer, avec un sourire d’été. Si je ne sais pas ce que je ferai quand je serai grand, je sais comment je ne veux pas finir. C’est déjà ça.